Les Indiens Huaorani - Trekking en Amazonie
Trekkings et Excursions en plein coeur de la jungle d'Amazonie et d'Amérique centrale. Voyages au Pérou, en Bolivie, en Equateur et au Guatemala.
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Les Indiens Waorani

Indiens-Huaorani

Leur population serait de 2200 à 2700 personnes. Leur territoire s’étend de la rive droite du Río Napo à la rive gauche du Rio Curaray, englobant une parcelle du Parc National Yasuni en Equateur. Jusqu’en 1958, les Huaorani (ou Waorani) sont arrivés à préserver leur indépendance et leur territoire qui faisait plus de 2 millions d’hectares, par la force face à l’ennemi colonial et les autres communautés indiennes. En 1990, les Huaorani réussirent à faire reconnaître leur propriété collective sur une réserve indigène de 700 000 hectares, qui leur permet une existence en semi-autonomie. Cependant, ils n’en sont pas propriétaires.

Aujourd’hui leur territoire inclut le Parc National Yasuni, un des endroits ayant la plus grande biodiversité au monde. Malheureusement pour les Huaorani, il comprend également des centaines de kilomètres de pipelines appartenant à plusieurs compagnies pétrolières, qui dévastent le fragile écosystème tropical environnant.

Guerriers, Nomades et Chasseurs-Cueilleurs

Les Waorani ne sont pas très grands, mais ils ont un corps musclé et robuste. Ils chassent traditionnellement à la sarbacane et à la lance. Les deux pèsent lourd (en bois de Chonta, palmier du Pérou et d’Equateur), et sont de grande taille : 2 à 3 mètres ! Leur sarbacane est accompagnée d’un kit de chasse composé d’une carcasse sèche et dure de fruit remplie de coton naturel, et un tube où ils mettent de longues et fines fléchettes dont la pointe a été trempée dans le curare, puissant poison qui permet de paralyser voire de tuer la proie qui la reçoit. Le kit comprend aussi une petite mâchoire de piranha dont ils utilisent les dents pour effectuer de petites encoches à la base des fléchettes pour qu’elles se cassent lorsqu’elles pénètrent dans le corps de l’animal. Avant d’insérer la fléchette dans la sarbacane, du coton est enroulé autour sur sa base de manière à ce qu’elle ne tombe pas de la sarbacane et pour augmenter sa vitesse lorsqu’elle est soufflée.

Les chasseurs waorani chassent les animaux perchés dans les arbres à l’aide de leurs longues sarbacanes.

L’origine des Huaorani n’est pas connue. Leur langue, le Huao Tiriro, constitue également un mystère car elle ne ressemble à aucune autre des autres populations indiennes de la région et aucune similitude n’a pu être découverte avec d’autres groupes linguistiques. L’expression « wao » signifie « humain » ou « personne ». Les Waorani sont aussi connus comme « Aucas », qui signifie en quechua (parlé par la majeure partie des groupes indigènes en Equateur) « sauvage ». C’est donc un terme dépréciatif qui, en fait, ne convient pas.

Famille-Huaorani

Femmes d’une communauté Huaorani (©Jimmy Nelson – « Before they pass away »)

Les indiens Waorani sont redoutés par les autres tribus voisines du fait de leur réputation de guerriers violents. Ils sont effectivement relativement imprévisibles, caractériels et d’humeur changeante. La plupart des conflits se résolvaient en affrontement à la lance et entretenaient de fait le cercle vicieux de la vengeance et de la revanche. Même s’ils sont craints dans la région pour leur réputation guerrière, ils sont en fait un peuple heureux, bavard et joyeux ! Les hommes et les femmes Waorani occupent des tâches différentes au sein de la communauté, cependant ils sont égaux à la différence de leurs voisins, les Kichwa, où les femmes sont considérées comme inférieures aux hommes. Les femmes Waorani sont fortes et indépendantes. Parfois, certaines n’hésitent pas à laisser leur mari !

Une autre différence avec leurs voisins est leur faible taux de fécondité. Quand les Kichwa ont entre 9 et 12 enfants, les Waorani n’en ont en général que 2 ou 3. Certaines sources racontent comment les femmes utilisent une méthode de contraception naturelle  avec des thés à base de fruits, de feuilles et de bois.

Guerrier-Waorani

Guerriers Huaorani (©Jimmy Nelson – « Before they pass away »)

Femmes-Huaorani

Jeunes femmes Huaorani (©Jimmy Nelson – « Before they pass away »)

Le Huaorani porte un intérêt profond et complexe pour les plantes et spécialement les arbres. Sa connaissance en botanique est ample et comprend les venins, les hallucinogènes et les plantes médicinales. Une de leurs techniques les plus élaborées est l’extraction du curare, une neurotoxine très puissante, pour l’utilisation à la chasse ou, autrefois, à la guerre. Actuellement, certains Waorani travaillent dans des projets de documentation ethnobotanique dans le cadre de la préservation, la connaissance et l’utilisation des plantes.

Selon la cosmovision huaorani, il n’y a pas de barrière entre le physique, le monde spirituel, et les esprits. Pour eux, le monde moderne extérieur n’est pas sûr et la forêt constitue leur maison. Un dicton waorani dit : « les cours d’eaux et les arbres sont notre vie. ». Les Huaorani pensent que les animaux de la forêt ont un esprit. Ceci est la base de leur relation avec les animaux qu’ils respectent. La chasse constitue une partie importante de leur régime, et tient une place importante dans leur culture. Le chaman démontre le respect envers les animaux tués, avec la préparation rituelle du curare utilisé et appliqué sur les flèches. La chasse effectuée avec ces flèches préparées est en fait considérée comme une récolte des arbres, une récupération. Traditionnellement, ils se limitent à chasser les singes, les oiseaux et les pécaris (semblables aux sangliers européens). Les Waorani sont supposés descendre de l’union d’un jaguar et d’un aigle, les serpents sont par ailleurs, considérés comme un mauvais présage… Pour ces raisons, ils ne chassent jamais ces derniers, ni les prédateurs carnivores comme le jaguar ou l’aigle, ni les cerfs car leurs yeux paraissent humains. La pêche et la culture de la yuca (manioc) sont une autre partie importante de leur régime.

Préparation huaorani du curare pour la chasse

Un jeune homme peut se marier avec une cousine germaine « croisée », fille d’une sœur de son père, ou fille d’un frère de sa mère. Les hommes peuvent avoir plusieurs femmes.

Les Huaorani pensent que lorsque quelqu’un meurt, son esprit commence un voyage vers le Paradis lors duquel ils se retrouvent face à un anaconda géant qui bloque le passage et sur lequel on doit passer par dessus pour continuer. Celui qui échoue retourne sur terre sous forme de termite pour vivre une existence misérable.

Le temps est une notion très ambiguë pour une majorité. « Quel âge as-tu ? » est une question qui n’a aucun sens pour eux !

L’Amazonie Convoitée, le Territoire des Huaorani diminué

En 1958, le premier contact pacifique est réalisé par des évangélistes américains. Ces missionnaires traduisirent la Bible en Huao Tiriro et ils enseignèrent aux Huaorani que certaines de leurs traditions étaient honteuses, comme le fait de marcher nu par exemple. Les Huaorani, nomades, libres et incontrôlables, furent confinés dans certaines zones qui leur étaient réservées, de manière à les sédentariser, à anéantir leur mode de vie et à perturber leur structure sociale. Les missionnaires ont posé ainsi les premières pierres du chemin qui a conduit les grandes compagnies à l’exploitation du pétrole présent en quantité dans cette partie de l’Amazonie.

Pipeline-Equateur

Système de Pipeline Trans-Equatorien conduisant le pétrole extrait en Amazonie à la côte Pacifique d’où il est exporté vers les autres pays.

A présent, même s’ils sont très attachés à leur forêt et souhaitent vouloir y vivre, les Huaorani sont fortement déstabilisés à cause de ces compagnies qui n’hésitent pas à les corrompre avec des médicaments, des armes pour chasser, de l’alimentation, de l’essence, des moteurs, des groupes électrogènes, et bien sur les deux féaux que sont l’argent et l’alcool.

Certaines communautés vivent particulièrement proches de ces compagnies et souffrent à présent d’une forte dégradation culturelle avec son lot de complications (violence, alcoolisme, etc.). Dans celles vivant de manière plus isolée, en général proches de la frontière avec le Pérou, les indiens continuent de vivre nus, sarbacane sur le dos, dans des maisons traditionnelles et parlant très peu ou pas du tout l’espagnol.

La cohabitation avec les compagnies pétrolières est aujourd’hui un des plus grands défis auquel les indiens Waorani doivent faire face.

Leur territoire est particulièrement riche en pétrole et suscite un fort intérêt de la part des grandes compagnies et forcément de l’état équatorien lui-même… En plus de pipelines acheminant le pétrole jusqu’à la côte, « Las petroleras » ont construit une route de 150 km qui traverse le cœur du territoire des Waorani. Les conséquences en sont dramatiques pour l’environnement : dégradation de l’écosystème, déforestation, pollution, colonisation de l’espace par de nouveaux habitants…

Souhaitant ne pas prendre part à ce désastre écologique, certaines communautés se tournent de plus en plus vers l’écotourisme. Bien que n’apportant pas les mêmes revenus que le travail au sein d’une compagnie pétrolière, il permet de continuer à vivre en harmonie avec la forêt de leurs ancêtres.

Le Tour Gayatrek « En Territoire Waorani » est unique et exclusif. Les indiens Huaorani sont vos guides pendant 8 jours. Ils partagent avec vous leurs connaissances sur la faune, la flore et même différentes techniques de survie dans la jungle…

Les Communautés Isolées Tagaeri et Taromenane

Au sein du territoire Huaorani, entre les rivières Shiripo et Curaray, une « Zone Intangible » a été déclarée par le gouvernement équatorien, dans laquelle vivent 2 groupes indigènes qui vivent en total isolement selon leurs propres traditions ancestrales, et qui refusent tout contact avec le monde extérieur : les Tagaeri et les Taromenane. De cette manière, le gouvernement équatorien souhaite garantir la survie de ces groupes et par la même occasion de tout l’écosystème qui les entoure.

Ces groupes seraient en fait issus du même groupe Huaorani d’avant leurs premiers contacts avec les missionnaires, à la fin des années 50.

On pense qu’ils sont au nombre de 150 et n’ont jamais été contactés par le monde extérieur. Ceux qui souhaitent ne pas respecter leur souhait d’isolement pour les rencontrer : à vos risques et périls… Les Tagaeri refusent tout contact non seulement avec toute personne issue de la société moderne, mais aussi avec les propres Huaorani qui ont choisi de « s’intégrer » et avec lesquels ils sont constamment en « situation de guerre ». Dernièrement en janvier 2016, le fils du chef d’une communauté Waorani a été tué visiblement par des Tagaeri, sans qu’on connaisse pour l’instant la raison. C’est un incident fort qui pourrait avoir de grandes répercussions sur les relations entretenues avec les Waorani. N’existant aucun médiateur étant donné leur isolement, cette attaque reste pour l’instant mystérieuse.

La culture ancestrale Waorani est en péril.

Pour la conserver, protéger les communautés indigènes et cette biodiversité inestimable de cette partie de l’Amazonie, le gouvernement a créé la Zone Intangible et le Parc National Yasuni. Malheureusement, ces décisions politiques sont peu efficaces si elles ne sont pas accompagnées par des moyens humains, matériels et financiers pour contrôler les entrées de ce parc et les activités qui s’y déroulent.

D’autre part, les Waorani ne font que subir : endurer les lois des uns, souffrir l’envahissement des autres… Que penser des frontières établies en pleine Amazonie et imposées à des indiens qui ne connaissent comme barrières et obstacles que les rivières, les montagnes et les troncs d’arbre ?

Les pressions venant de toute part, les changements culturels qui génèrent des fractures générationnelles et la réduction des espaces génèrent de grandes frustrations et des tensions inter et intra communautaires. Les Huaorani auraient besoin, plus que jamais, de rester solidaires et unis face à tous ces dangers.

Fabien
fabien@gayatrek.com

J’ai été biologiste dans différents laboratoires à Amsterdam et à New-York, puis directeur régional dans l’industrie pharmaceutique au Mexique et en Argentine. Je vis en Amérique latine depuis presque 10 ans et j’ai eu la chance de voyager dans toute la région. Avide de voyage, de rencontres et d’expériences « outdoor », j’ai décidé en 2014 de me dédier à 100% à mes deux passions : le trekking et la jungle.

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