Kilimandjaro

Le Mont Kilimandjaro en Tanzanie est une des montagnes les plus connues au monde. Son ascension n’est pas technique donc tout à fait réalisable pour une personne en bonne condition physique. Cependant le trekking jusqu’au sommet est physique. Il dure généralement 5 jours et doit obligatoirement être encadré par guide et porteurs.
C’est en effet la plus haute montagne d’Afrique avec 5892 m (l’altitude de départ est de 1800 m), mais aussi la 2ème plus éloignée du centre de la Terre après le Mont Chimborazo en Equateur.
L’origine de son nom proviendrait du mot swahili « Kilima » (montagne) et du mot chagga « njaro » (blancheur).
Grimper le Kilimandjaro et atteindre ses fameuses neiges éternelles est un rêve pour tous les fans de randonnée. Je vous propose 10 anecdotes que vous ne saviez probablement pas à propos du « Kili » !

1- Le Kilimandjaro contient 5 écosystèmes uniques

Le Kilimandjaro est bien plus qu’une montagne. Cinq zones de végétation distinctes recouvrent ses pentes : basses plaines, forêts de montagne, landes d’altitude, déserts alpins et sommet. A sa base, au niveau le plus bas, vous trouverez des fermes, des villages, de la jungle et des forêts. Tous les habitants bénéficient d’une abondante arrivée d’eau due aux précipitations et à la fonte du glacier. En s’engageant plus en altitude sur la montagne, vous passez par des zones désertiques avec une végétation qui commence à s’estomper peu à peu. Les températures commencent à fluctuer fortement : jusqu’à 37°C le jour, elles peuvent chuter en dessous de zéro la nuit ! Une fois que les grimpeurs atteignent le sommet, presque toutes les traces de végétations et de vie animale ont disparu du fait qu’il n’y ait pas de surface d’eau disponible à cette altitude.

2- Le Kilimandjaro est la plus haute montagne isolée au monde

C’est à dire qu’elle est seule, qu’elle ne fait pas partie d’une chaîne de montagnes ou de volcans. La 2ème montagne de ce style est le Mont Fuji au Japon qui atteint 3 776 m d’altitude. En général, les montagnes isolées sont des volcans. Mais pas de panique, la dernière irruption volcanique majeure du Kili date de 360 000 ans…

3- Plus de 20 000 personnes tentent d’atteindre le sommet du Kilimandjaro chaque année

Selon les sources, entre 50% et 60% des randonneurs atteignent le sommet, l’immense majorité des autres rebroussent chemin, la plupart du temps à cause des effets de l’altitude qui peuvent se montrer parfois violents (allant du simple mal de tête à l’œdème cérébral ou pulmonaire). Chaque année, environ 1000 personnes sont évacuées, et 10 meurent… Au niveau du sommet, on est grosso modo à 50% d’oxygène comparé au niveau de la mer. Je n’ai pas eu l’occasion de m’attaquer à cette montagne, par contre j’en ai fait d’autres également « corsée » en Amérique latine (entre autres : Pico de Orizaba au Mexique à 5700m, Huayna Potosi en Bolivie à 6088m). Je peux vous dire que le problème de l’altitude ça ne rigole pas. Et ce n’est pas une question de condition physique et d’entraînement, simplement nous ne sommes pas tous égaux face à l’altitude.

Ma limite personnelle est très claire : à 5000 m, les premiers signes du mal des montagnes apparaissent et le maté de coca n’y change pas grand chose… Chaque pas devient plus dur que le précédent, et le mental prend le relais. Faut vraiment s’accrocher. En général, le sommet se fait le dernier jour et on décolle du camp vers 1h du matin. A chaque fois lorsqu’il fait encore nuit, qu’il fait froid et que je suis crevé, je me dit « Plus jamais ça !». Puis le jour se lève, et là tout devient émotionnel : on commence à comprendre où on est, au milieu de toute cette neige, sans trace, parfois entouré de crevasse, sans un bruit, les premiers rayons de soleil qui frappent le visage… Un souvenir qui fait qu’on ne pense plus qu’à une chose 1 semaine après : le refaire un jour pour revivre ce moment magique.

4- Une montagne qui attire les esprits indomptables

Escalader est une performance quelque soit la personne. Mais il y a des cas qui méritent d’être cités. Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains grimpeurs handicapés se sont attaqués à cette montagne pour faire voler en éclat la vision du monde autour de leur handicap.

Pour ne citer que quelques exemples :

– en 2011, Chris Waddell, qui s’est retrouvé paraplégique après un accident de ski, a réussi à grimper jusqu’au sommet par la seule force de la partie supérieure de son corps et à l’aide d’un « handbike » (vélo à main).

– Peut-être encore plus spectaculaire, Kyle Maynard, amputé des 4 membres, est arrivé jusqu’au sommet en 2011, sans aucune aide, et sans prothèses ! Il se dédie aujourd’hui, entre autres, à donner des conférences motivationnelles…

5- Les Chaggas appellent le Kilimandjaro « Maison »

Il est fort probable que lors de votre ascension vous rencontriez des membres de la tribu chagga. Ils seraient environ 1 million, et le troisième plus large groupe ethnique en Tanzanie. Ce serait aussi un des plus riches étant donné leur relation étroite avec la montagne et le sol fertile sur lequel ils vivent. Chaque famille chagga est propriétaire d’une bananeraie, appelée vihamba, où ils font pousser des bananes à côté de plantations de café, haricots, maïs, canne à sucre, etc. Il est courant d’être invité au départ du trek, à visiter une vilhamba. Aussi, les porteurs qui aident au transport de l’équipement lors du trekking sont très souvent des chaggas.

6- Hans Meyer est le premier homme à avoir fait l’ascension du Kilimandjaro

Il est possible que le sommet du Kilimandjaro ait déjà été atteint par des locaux, mais la première ascension documentée est celle réalisée par un géographe allemand (Hans Meyer), accompagné d’un alpiniste suisse (Ludwig Purtscheller) et d’un guide chagga (Yohani Kinyala Lauwo). Ils atteignirent le pic de Kibo (principal sommet du Kili), en octobre 1889.

Ce grand bol d’air frais fut peut-être la meilleure chose qui soit arrivée à ce dernier. Kinyala continua de guider des tours pendant 60 ans, et il est aussi devenu une des personnes ayant vécu le plus longtemps en mourant à 124 ans !

7- La disparition des neiges du Kilimandjaro n’est pas due au réchauffement climatique global

La disparition des neiges du Kilimandjaro (célébrées par Pascal Danel dans les années 60) est généralement connu de tous, mais ses conséquences beaucoup moins.

Depuis 1912, le Kilimandjaro a perdu 82% de son glacier… Les scientifiques prévoient sa totale disparition d’ici 20 ans avec des résultats catastrophiques sur les communautés locales. Elles pourraient simplement ne plus avoir assez d’eau pour boire, irriguer les différentes plantations, ainsi que la diminution de l’énergie hydro-électrique dont ils ont besoin.

Selon une étude de G. Kaser en 2007, la raison de la fonte du glacier ne serait pas due au réchauffement climatique global mais au déboisement régional qui impacte l’humidité de l’air. Il réduit les chûtes de neige à haute altitude, ainsi que la masse nuageuse. Tout ceci entraine moins de précipitations et une augmentation du rayonnement solaire sur les glaciers.

Environ 5 millions d’arbres ont été plantés en 2008 pour combattre cette déforestation.

8- Le record de vitesse d’ascension du Kilimandjaro

En septembre 2010, un jeune grimpeur espagnol, Kilian Jornet, a réussi a atteindre le sommet en 5h23… C’est assez dingue quand on sait qu’il faut pour un trekkeur lambda 5 à 6 jours pour arriver au sommet, à raison de 4 à 7 heures de marche quotidienne.

9- Le Kilimandjaro abrite plus de 140 types de mammifères

24 espèces de chauves-souris, 25 espèces d’antilopes, 7 types de primates dont 3 vivent au pied de la montagne dans la jungle : bushbabies, singes bleus (qui ne sont en fait pas du tout bleus) ainsi que les singes Colobus blancs et noirs.

En plus des mammifères, le Kilimandjaro héberge 179 espèces différentes d’oiseaux. Une des plus belles est le mâle Souimanga Malachite que l’on croise très facilement.

10- Le plus grand arbre sur le continent africain a été découvert sur le Kilimandjaro

Il mesure 81,5 m de hauteur, et fut découvert en 2016. L’arbre est de l’espèce Entandrophragma Excelsum et pourrait avoir plus de 600 ans ! Les arbres africains atteignent rarement une grande hauteur à cause du manque de ressources. Mais le sol volcanique riche en nutriments du Kilimandjaro ainsi que des précipitations élevées ont permis à cet arbre d’atteindre cette taille. L’arbre le plus haut du monde, avec 116 mètres, se trouve en Amérique du Nord.

Récemment un de mes amis espagnol est justement revenu du Kilimandjaro. Selon lui, deux moments très difficiles :
– La température glaciale les 2 derniers jours… Il avait sous-estimé ce détail (qui n’en est pas un), et ça lui a valu une petite frayeur car il ne sentait plus ses doigts.
– La descente le dernier jour… 13 heures sans s’arrêter. Il le décrit comme « una auténtica barbaridad » (= vraiment atroce). Selon lui, toute l’équipe était vraiment à bout physiquement. On imagine facilement comment ils ont apprécié la petite bière qui les attendait au campement à leur arrivée…

Certains d’entre vous l’ont-ils déjà fait?