Je plaque tout, je change de vie #Partie 2
Trekkings et Excursions en plein coeur de la jungle d'Amazonie et d'Amérique centrale. Voyages au Pérou, en Bolivie, en Equateur et au Guatemala.
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Je plaque tout et je change de vie #Part 2, la vida latina : tacos, pharma et milonga

Je-Plaque-Tout2

Suite de : Je plaque tout et je change de vie #Part1

Suite à cette expérience américaine, je dois rentrer en France. Un peu paumé, je commence logiquement à rechercher du boulot dans les laboratoires de recherche. Premier constat : il n’y a pas grand chose et je sens qu’il va falloir lutter. Deuxième constat : je n’ai pas envie de galérer pour faire quelque chose qui finalement ne me motive pas plus que ça. La recherche c’est passionnant, parfois très stimulant, extrêmement valorisant, mais c’est juste que ça ne colle pas avec ma personnalité. Trop de routine, trop de travail solo, pas d’échanges avec le monde extérieur…

Du coup j’ai dit stop. Mais alors que faire ? Reprendre les études. Bien qu’étant un investissement important, c’était plutôt une bonne option. Puis franchement, reprendre la vie d’étudiant, l’idée ne me dérangeait pas du tout…

Je choisis donc de me réorienter en 2006, et de reprendre mes études pour un (blanchiment de) diplôme en marketing qui allait me donner le sésame pour rebondir dans l’industrie pharmaceutique où de nombreuses portes sont ouvertes, où les salaires sont intéressants, et surtout où les opportunités à l’étranger sont nombreuses…

Passer de la paillasse et du statut de savant fou en blouse blanche à l’open space et au costard cravate, c’est assez violent. D’ailleurs, n’ayant pas l’habitude je ne me rendais pas vraiment compte, mais je portais certains costars qui étaient davantage faits pour les cérémonies que pour aller bosser dans des bureaux… M’en suis rendu compte un soir alors que je rentrais en train, quand un ami m’a demandé si je revenais d’un mariage… oups.

 

México lindo

 

Grâce à cette réorientation, j’ai pu travailler en marketing et en vente dans un laboratoire pharmaceutique français au Mexique pendant 2 ans. Si je devais donner une liste rapide et désordonnée de ce qui pourrait caractériser les mexicains : ils ne sont pas très fiables car ne savent pas dire non; une bonne humeur légendaire alors qu’il leur faut parfois 2 heures de voiture pour arriver au bureau (le trafic mexicain est un des pires au monde) et malgré leurs 6 jours de vacances annuels; ils dansent dès qu’il y a un peu de musique : tout est prétexte à faire la fête; ils se tutoient les uns les autres quelque soit le statut social; ils sont joueurs et curieux; ils organisent une fiesta chez eux juste pour pouvoir vous inviter… Des gens tellement attachants. Mon dernier jour de travail m’avait chamboulé…

 

Equipe-Mexique

A gauche: mon dernier jour de travail à Mexico DF après 2 ans, avec Adri et Maga (Mai 2010). A droite: préparatifs pour la réunion de cycle et les présentations marketing sur le thème des agents secrets (Fevrier 2010)…

Collectivo, Boulot, Dodo...

Des ruines aztèques omniprésentes sur tout le sud du pays; les plages de la côte Pacifique authentiques et sauvages idéales pour glander sous le soleil une Michelada à la main (= bière glacée avec du sel et du citron); Guanajuato, patrimoine mondial de l’humanité, et une des plus belles villes au monde avec ses petites places et ses rues tellement étroites qu’une seule personne peut y passer à la fois (on les appelle callejones); le Canyon del Cobre plus grand et plus profond que le canyon d’Arizona; le Chiapas avec ses montagnes, sa jungle et sa culture forte indigène. Chaque région à son style, son identité, sa musique, sa gastronomie… Le pays est une merveille, il suffit de faire 2-3 heures de route depuis la capitale pour être dans un autre univers.

 

Mexique-Chiapas

Yaxchilan : ruines mayas en plein cœur de la jungle du Chiapas, juste à la frontière avec le Guatemala. Difficiles d’accès elles sont très peu fréquentées par les touristes…

 

Buenos Aires à l’arrache

 

Puis en 2011, je pars pour Buenos Aires avec ma copine. Sans plan spécial, et avec la seule idée de rester un certain temps, de quoi vivre et sentir la culture argentine dont nous avions tant entendu parler. Gros coup de bol, je commence à chercher un boulot, je toque à la bonne porte au bon moment et là, banco. Je suis rapidement engagé dans un autre laboratoire pharmaceutique français, dans lequel je resterai presque 3 ans sur un poste de responsable des ventes avec le management de 10 visiteurs médicaux sur la partie sud de Buenos Aires. Autant vous dire, que face à certains vieux de la vieille il a fallu faire ses preuves.

Les argentins… Jamais vu des gens aussi sensibles et susceptibles, une vraie expérience humaine… Souvent dans la représentation, la passion et le drama, c’est probablement aussi cela qui fait leur charme. J’ai souvent l’impression que ce sont de grands enfants avec leurs moments d’hystérie, de caprice et d’émotion.

Avec mon équipe nous étions très solidaires, je les protégeais, et ils me rendaient la pareille. Nous étions comme une famille. Et comme chef de meute, je devais donner l’exemple, exiger du travail et des résultats, mais aussi féliciter, féliciter et re-féliciter… Tellement important en Argentine.

 

BA-Equipe

Réunion avec mon équipe de visiteurs médicaux, à Buenos Aires en décembre 2012 (en plein été), dans un de mes endroits préférés: “Esquina Homero Manzi”, là où ça respire le tango et le vrai Buenos Aires…

 

Faire du business avec les argentins…

 

Le monde de la pharma… Ah! Je pourrais en écrire un livre. Il serait drôle, surprenant et choquant. Je ne souhaite pas insister sur la manière de travailler de cette industrie en Argentine. Ca serait intéressant mais trop polémique, c’est pas le sujet!

Une des premières choses que j’ai apprises pour parler business en Argentine : les réunions doivent commencer en discutant de n’importe quoi sauf de business ! Véridique. Moi, en bon français, essayant d’être super pro, je ne voulais ni me mêler de la vie privée de mon interlocuteur, ni lui parler comme si c’était mon pote. Résultat, les personnes avec lesquelles je me réunissais (souvent des médecins) me prenaient pour un sauvage hautain qui n’a aucune considération pour la « personne humaine qu’il a en face » (quand je vous dis que ce sont des sensibles).

Bon, en fait c’est tout l’inverse qu’il faut faire : 90% de la discussion doit être dédiée à instaurer un climat de confiance, à parler de la pluie et du beau temps, bien évidemment du foot (en Argentine, TOUT LE MONDE soutient activement une équipe), de la France, de n’importe quoi. Faut surtout pas que ce soit lourd, l’idée de base c’est de se dé-tendre ! Lorsque la personne que vous avez en face tape des deux mains sur la table, vous sourit et vous demande pourquoi vous êtes venu la voir. C’est le feu vert, et c’est seulement à ce moment là qu’il vous faut aller droit au but, sans tourner autour du pot… Au début ça me paraissait bizarre, mais rapidement j’y ai pris goût !

Faire une réunion avec des argentins. C’est un peu comme essayer de cuisiner avec des gants de boxe : c’est faisable mais ça prendra du temps…beaucoup de temps. J’avais toujours cette désagréable impression qu’on faisait des réunions de 2-3 heures au bureau avec mes collègues pour quelque chose qui aurait pu prendre 15 min… Selon moi il y a plusieurs raisons : ils se coupent sans cesse la parole, ils se crient dessus, s’énervent, changent constamment du sujet et en profitent pour régler des vieux dossiers. Du coup, même si ça pouvait être souvent drôle comme le serait un sketch, je préférais passer le moins de temps possible au bureau, pour davantage être « sur le terrain » avec mes visiteurs médicaux et les médecins.

Une spécificité argentine dans le domaine de la visite médicale (= présentation des différents médicaments aux médecins) est que la présence des chefs est interdite dans les cabinets médicaux et dans les hôpitaux ! C’est une loi qui date, obtenue par le syndicat des visiteurs médicaux. Et croyez-moi, ils essayent de la faire respecter à coup de menaces, de rayures sur la voiture, et autres méthodes mafieuses extrêmes… J’ai bien souvent joué au chat et à la souris car comment pouvais-je exercer mon métier s’il n’était pas possible de rencontrer les médecins dans leur environnement de travail ? Le plus important c’était de rentrer incognito dans l’hôpital, l’air de rien, sans prévenir qui que ce soit et en croisant les doigts pour qu’aucun visiteur médical d’un quelconque labo me voit. Car oui, ceux qui sont syndicalisés ont comme un trombinoscope des chefs des différents labos pour pouvoir les reconnaître, et ils n’hésitent pas à prévenir les boss du syndicat pour qu’ils se pointent à plusieurs (des fois 10 personnes) et qu’ils mettent un bon coup de pression à la sortie ! Du coup, lorsque je pénétrais dans une clinique, il y avait toujours cette petite adrénaline qui rendait tout ça un peu plus excitant…

 

Salta-Iguazu

A gauche: la montagne aux 14 couleurs dans la région de Salta au nord de l’Argentine au niveau des Andes. A droite: les chutes d’Iguazu (Gorges du Diable), merveille du monde, elles se situent à la triple frontière Paraguay-Argentine-Brésil. La chair de poule face à l’énergie dégagée par tout ce volume d’eau…

 

Ce boulot était exactement ce que je recherchais en arrivant en Argentine. Comme un chef d’orchestre je devais dealer à la fois avec les collègues du marketing, les médecins pour avoir leur feedback quant à l’utilisation des différents médicaments que je gérais, l’organisation d’évènements, et bien sur chaque individu de mon équipe : sa formation, ses problèmes perso, la gestion de son territoire…

C’était intense du matin au soir et souvent je m’interrogeais. Autant d’heures et d’énergie investies dans ce travail (j’avais 10 jours de vacances par an)… Pourquoi les offrir à une entreprise qui ne me doit rien, et qui choisira de se séparer de moi ou de m’envoyer ailleurs du jour au lendemain où bon lui semblera ? Pourquoi ne pas dédier toute cette énergie à quelque chose qui m’appartient, à quelque chose qui me passionne, à un projet que je ferais grandir ? Et puis, est-ce que je veux « vendre » des médicaments toute ma vie??

Et vous, vous vous êtes déjà posé ces questions??

 

La suite : Je plaque tout et je change de vie #Part3

Fabien
fabien@gayatrek.com

J’ai été biologiste dans différents laboratoires à Amsterdam et à New-York, puis directeur régional dans l’industrie pharmaceutique au Mexique et en Argentine. Je vis en Amérique latine depuis presque 10 ans et j’ai eu la chance de voyager dans toute la région. Avide de voyage, de rencontres et d’expériences « outdoor », j’ai décidé en 2014 de me dédier à 100% à mes deux passions : le trekking et la jungle.

1Comment
  • Chris
    Posted at 18:56h, 24 décembre Répondre

    Bien le buletin. J’ai surtout aimé ton paragraphe sur le voyage au Mexique!

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