Forêt Amazonienne : 3 raisons qui font qu'on en rentre fasciné
Trekkings et Excursions en plein coeur de la jungle d'Amazonie et d'Amérique centrale. Voyages au Pérou, en Bolivie, en Equateur et au Guatemala.
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Forêt Amazonienne : 3 raisons qui font qu’elle nous transforme

Amazonie-Transforme

La première fois que je suis allé dans la jungle c’était en Colombie, dans le parc Tayrona. Je devais faire un trekking d’une semaine qui s’appelle la Ciudad Perdida, sur la côte caraïbe colombienne, qui vous amène après une petite semaine de marche sur un site archéologique en pleine forêt tropicale. C’était en 2007 et à cette époque le trek était organisé par certaines agences locales en partenariat avec les paramilitaires. La veille de partir, tout ne s’est pas passé comme prévu…

Dans la ville de Cartagena, j’achète des chaussures de marche, et je rentre à mon hôtel content de mon achat. Je cherche mon chemin du regard dans la rue, quand soudain un chariot poussé par un sans abri me passe sur le talon… J’ai cru qu’il m’avait coupé le tendu d’Achille. Je me rappellerai toujours de la feignasse à la réception de l’auberge dans laquelle je logeais, qui me tend 3 petites serviettes (les mêmes que l’on trouve à MacDo qui n’épongent pas) pour panser mes plaies. Passons les détails, mais je me retrouve à l’hôpital avec 5 points de suture et deux injections dans les fesses. Je traînais la patte, le trek n’était plus envisageable et donc obligé de prolonger mon séjour à Cartagena… Après 5 jours, ça allait mieux, je décide de changer de destination et je pars pour le Parc National Tayrona qui mêle jungle, petite montagne et plages vierges paradisiaques.
A l’entrée du Parc, il y a comme un petit chemin qui s’enfonce dans la forêt et qui mène, après 1h30 de marche, à la plage où il est possible de dormir (seulement en hamac). Au moment où je m’y engage, je savais quelque part que ça allait changer pas mal de choses dans ma vie. C’était très bruyant, et il y avait d’énormes sauterelles aux ailes rouges qui croisaient mon chemin. J’étais fasciné.

Qu’est-ce qui fait qu’une excursion dans la jungle est une expérience si forte ? Pourquoi elle ne laisse personne indifférent ? Voici selon moi les 3 points qui font que vous en reviendrez avec des images plein la tête et une seule envie, celle d’y retourner.

Parc-Tayrona-Colombie

Plage du Parc Tayrona en Colombie, sur la côte Caraïbe.

Une forêt tropicale mystérieuse aux multiples légendes #1

Bien qu’en plein cœur d’un continent, ce n’est pas un pays, c’est beaucoup plus vaste qu’une région, c’est un autre univers qui fait parti du même monde et qui ne se laisse pas cataloguer. Montagneuse, pluvieuse, marécageuse, chaude, humide, elle est comme un être complexe qui nous dépasse, qui nous fascine et qui nous désespère. Elle abrite la majorité de la biodiversité sur Terre mais ses terres ne sont pas fertiles. Gigantesque source de matériel primaire, on extrait ses richesses mais sa déforestation nous tue à petit feu. A la fois forte, complexe, mortelle, et vitale, son équilibre est aussi extrêmement fragile. L’Amazonie est un paradoxe.

Amazonie-Photo-Nasa

Photo de la NASA sur laquelle on peut voir clairement le lac Ttitcaca, le salar de Uyuni, la Cordillère blanche et bien sur l’Amazonie… Arrivez-vous à situer Rurrenabaque (les portes du parque Madidi en Amazonie) ?

Histoires de rois, de cités d’or, de pierres précieuses, de trésors cachés, de cosmogonie indienne… Les grands classiques des légendes amazoniennes. Tour à tour, les expéditions de missionnaires, les commerçants, les armées, s’y sont aventurés et en sont revenus à chaque fois pleins de désillusions mais aussi pleins d’espoirs. Leurs récits sont à l’origine d’une bonne partie de tout l’imaginaire qui rayonne autour de l’Amazonie, tantôt Paradis perdu, tantôt Enfer vert. Avidité et ignorance, deux ingrédients suffisants pour provoquer la soif de l’or, le lancement de nouvelles expéditions et alimenter encore un peu plus les fantasmes d’argent facile et de nouvelles conquêtes.

L’Amazonie, et plus largement, les grandes forêts tropicales, restent un sujet de prédilection pour aborder le thème de l’aventure à notre époque : dans les livres (Tarzan !), les BD (Spirou et Fantasio dans la Vallée des Bannis, Le Marsupilami…) et bien sûr les films (La Forêt d’Emeraude, Avatar…).

L’Amazonie porte aussi une lourde responsabilité sur ses épaules : ni plus ni moins la subsistance de la vie sur Terre. Considérée comme le poumon du monde, sa déforestation exponentielle est un des thèmes majeurs abordés par les problématiques d’écologie. C’est un sujet qui revient tout le temps et qui renforce encore un peu plus l’importance et la force de cette forêt.

Spirou-et-Fantasio-ValledesBannis

Spirou et Fantasio – La Vallée des Bannis

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La Forêt d’Emeraude (réalisé par John Boorman en 1985)

Le monde entier parle de l’Amazonie depuis qu’il connaît son existence… sans vraiment la connaître. Méfiez-vous des on-dit, et particulièrement de ceux qui vous donnent leur opinion (par ce qu’ils vivent « à côté ») alors qu’ils n’y ont jamais mis les pieds, comme certains locaux que vous pourrez rencontrer en voyage (chauffeurs de taxi, patrons de restaurants, etc). Bien souvent, vous n’écouterez que des mises en garde ou des histoires à sensations fortes qui donnent envie de prendre ses jambes à son cou et de réserver dans le premier All inclusive à Punta Cana. Ne les écoutez pas, vous passeriez à côté d’une expérience formidable dont vous vous rappellerez toute votre vie. La grande forêt doit être abordée avec respect et humilité. Suivez les règles élémentaires et faciles à respecter que votre guide vous expliquera et vous reviendrez émerveillé de ce lieu si spécial.

Une forêt dense, immense, répartie sur 9 pays, peuplée de plantes exotiques, d’animaux sauvages se chassant les uns les autres, de créatures parfois encore inconnues, où des petites populations isolées continuent de vivre selon leurs rites ancestraux en harmonie avec la nature, faut avouer qu’il y a de quoi fantasmer. Elle nous fait voyager avant même de s’y aventurer, pas vrai ?

La faune et la flore amazonienne… expliqués par votre guide #2

Vous êtes en plein cœur de la forêt primaire amazonienne, peu de personnes ont déjà foulé ce sol. Votre guide est un indien Huaorani qui marche devant vous, pieds nus, sarbacane sur le dos. Parfois, quelques coups de machette sont nécessaires pour se frayer un chemin. Soudain il s’arrête. Rassurant et enthousiaste, il vous fait signe de ne pas faire de bruit. Vous comprenez qu’un animal est proche. Le palpitant à 100 à l’heure, tous vos sens se mettent en éveil. Est-ce un toucan, un tatou, ou mieux, un jaguar ?

Vous êtes spectateur d’une scène unique du monde animal et vous savez déjà que vous vous rappellerez de ce moment toute votre vie.

La faune de la jungle sera une source d’étonnement et d’émerveillement constante ! Néanmoins, il ne faut surtout pas partir en Amazonie avec l’idée d’aller observer de grands mammifères, comme vous pourriez le faire dans un zoo. La forêt peut même parfois paraître étrangement vide. Mais ne vous y trompez pas, les animaux sont bien là, et ils sont très nombreux. Ils vous observent, vous sentent. Pour les voir il vous faudra de la chance, de la discrétion et beaucoup de patience ! Même si certains sont quand même plus faciles à croiser (oiseaux, amphibiens, caïmans), la plupart ont développé des stratégies de mimétisme qui leur permettent d’être quasiment indétectable par leur prédateur s’ils ne sont pas en mouvement. Nos sens de citadins sont surentraînés pour entendre le métro s’approcher ou sentir l’odeur du croissant frais d’une boulangerie proche. Dés qu’il s’agit de voir une grenouille sur une feuille ou un toucan sur une branche on manque clairement d’entraînement !

Camouflage-Gecko

Gecko immobile…impossible à repérer.

Mimetisme-Grenouille

Grenouille perchée sur la végétation.

Les excursions en forêt sont guidées par ceux qui la connaissent le mieux : les indiens autochtones, comme par exemple les indiens Embera au Panama ou les indiens Huaorani en Equateur. Ils partagent avec vous leurs connaissances sur la faune et la flore tout le long du voyage. Sans même s’en rendre compte, ils dégagent un côté très rassurant et vous impressionneront par leur sensibilité et leur capacité à détecter des animaux. Dans le Parc Madidi, mon guide me dit lors d’un trek « regarde, juste là un toucan ! » en le pointant du doigt. Impossible de voir quoique ce soit. Il me dit « Mais si, juste là »… Je colle littéralement ma tête sur son épaule pour trouver l’oiseau du regard en suivant son doigt qui le pointait… Toujours rien. Il a fallu que le guide tape dans ses mains pour faire fuir le toucan pour que je me rende compte qu’il était effectivement en face de moi à quelques mètres… Ou cette fois dans la région d’Iquitos au Pérou, nous étions en canoë et mon guide me dit « Regarde là-bas le paresseux en haut de l’arbre, il est en train de nous regarder ». Je ne voyais qu’une tâche noire. Il a fallut que je prenne une photo et fasse un énorme zoom avec mon appareil, pour voir qu’effectivement il y avait un paresseux qui regardait dans notre direction. Et pourtant je ne porte pas de lunettes. Selon les standards « normaux », ma vue est bonne !

Guide-Embera-Panama

Guide indien Embera – Panama

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Guide indien Huaorani – Equateur

Dans la forêt, votre guide vous arrête régulièrement pour vous expliquer des choses sur les animaux, les insectes ou les végétaux. Par exemple en Bolivie, le guide profite d’une pause pour prendre une petite branche et titiller curieusement un trou dans le sol. Une belle mygale sort et attaque la brindille pensant frapper une proie facile. Elle s’extrait donc petit à petit de sa tanière et le guide en profite pour bloquer l’entrée avec sa machette. Nerveuse, la mygale tente d’y retourner, elle ne fuit pas. Le guide nous demande de lui donner une cigarette qu’il s’empresse d’allumer pour recracher la fumée sur la mygale qui se calme instantanément. Elle est en fait complètement « stone » et se laisse désormais faire sans montrer aucun signe d’agressivité (voir la vidéo plus bas). Il la met sur sa main et me propose de la prendre à mon tour. Qu’auriez-vous fait à ma place ?

Trek dans le Parc Madidi, en Bolivie – Guide capturant une mygale avec une cigarette…

Forcément, dans la grande forêt, on fait aussi connaissance avec le monde des insectes et certaines cohabitations entres espèces improbables très intéressantes. Par exemple l’arbre Cecropia, aussi appelé « bois canon », dont le tronc et les branches sont creux et servent d’habitat aux fourmis Azteca. Ces fourmis ont adopté un comportement passionnant : elles patrouillent le long du tronc et des tiges, mandibules déployées, et attaquent non seulement tout herbivores (mammifères ou autres colonies de fourmis) s’approchant un peu trop de l’arbre mais aussi les végétaux et les plantes envahissantes comme les lianes. Les fourmis Azteca ne descendent jamais de l’arbre car en plus de fournir le logis, il les nourrit également grâce à des sécrétions nutritives perlant le long des nervures de ses feuilles. C’est la raison pour laquelle cet arbre apparaît bien dégagé depuis sa base, et en général lorsqu’on ne le connaît pas, la tentation est grande pour y apposer son sac ou s’y adosser pour se reposer un peu… Erreur, pas la peine de vous faire un dessin de ce qui arrive dans les secondes qui suivent !

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Branche creuse compartimentée de l’arbre Cecropia, aussi appelé « Bois canon ».

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Les fourmis Azteca vivent sur et à l’intérieur de l’arbre Cecropia. Elles le protègent de tout envahisseur.

Rencontrer un félin est rarissime. Mais ça arrive quand même. Tous les guides avec qui je travaille, que ce soit au Pérou, en Equateur ou au Panama, n’ont en général jamais vu un jaguar plus de 5 fois… C’est un animal extrêmement respecté des populations locales et très important dans la cosmogonie indienne. Le jaguar est un animal intelligent et discret qui se camoufle parfaitement grâce à son pelage tacheté. Il ne constitue pas un danger pour l’homme. Il n’en a pas peur, mais ne l’attaque jamais. Lorsque vous en rencontrez un, c’est votre jour de chance et il faut savoir savourer ce moment qui ne se reproduira probablement plus (voir la vidéo de Paul Rosalie) ! En attendant, vous trouvez toujours quelques empreintes de patte qui suffisent à faire monter l’adrénaline…

Empreinte-Jaguar

Empreinte de jaguar dans le Parc Yasuni en Equateur, sur le bord d’un fleuve.

La grande forêt ce n’est pas que de la végétation. C’est aussi d’immenses fleuves qui abritent une faune tout aussi abondante. Les dauphins roses, ou botos, sont les maîtres des lieux. Ils sont en effet omniprésents et faciles à trouver dans certaines zones bien connues par le guide ou les locaux. Vous pourrez les observer chasser le matin ou en fin de journée, moment propice pour prendre de fantastiques photos… Parfois, il vous sera même proposé de vous baigner à leurs côtés. Inoffensif pour l’homme, ce sont des animaux curieux et il est tout à fait possible qu’ils passent juste à côté de vous pour vous toucher.

Aujourd’hui un excellent moyen d’approcher cette faune en douceur est le canoë. En glissant sur un cours d’eau discrètement sans moteur, tout est possible, c’est le meilleur moyen de les surprendre et quelque part de rentrer dans leur intimité.

Dauphin-Rose-Boto-Amazonie

Les botos, ou dauphins roses, sont les rois de cours d’eau en Amazonie. Il est relativement facile de les observer chasser.

La nuit en pleine forêt amazonienne : la partie mystique du voyage #3

La vie nocturne, un des nombreux visages de la forêt tropicale. Une expérience mystique et troublante. Lorsque la nuit commence à tomber, c’est un tout autre tableau. Ça commence avec le coucher de soleil, un des plus beaux qu’il est possible de voir sur terre…oui carrément ! Les couchers de soleil sur la plage, c’est vu et revu… Essayez donc sur les bords du fleuve Amazone sur lequel se reflètent les derniers rayons du soleil, avec au premier plan des dauphins roses et un orage tropical duquel partent quelques éclairs au second plan…

Nuit-Caiman-Canoe

Dans la région d’Iquitos au Pérou, nous partons la nuit en canoë pour observer les caïmans facilement repérable avec leur yeux qui reflètent la lumière. Au loin, les éclairs d’un petit orage tropical illuminent la scène quelques fractions de secondes. Surréaliste !

La nuit, on y voit rien et il est obligatoire de se déplacer avec une lampe, sans quoi il est impossible de s’orienter (lire cette anecdote dans l’interview d’Alex d’Iquitos au Pérou…). Le fait d’être plongé dans le noir démultiplie vos sens, vous êtes comme un chat attentif à chaque cri d’animal, chaque craquement de branche. Lorsque la nuit tombe, le comportement des animaux changent, ce n’est plus la même faune qu’il est possible d’observer. Les animaux diurnes partent dormir, et les animaux nocturnes se réveillent, commencent à chasser et cherchent leur nourriture. Le son de la jungle est plus fort qu’en journée. C’est comme si quelqu’un augmentait le volume, en particulier lorsque la nuit est en train de tomber.

Puis vous rentrez au campement vous coucher. Confortablement installé dans votre hamac, sous votre moustiquaire, vous êtes à l’abri des moustiques et autres insectes qui pourraient vous importuner pendant votre sommeil. Vous pouvez enfin vous relaxer. Vous vous livrez complètement à cette forêt que votre guide vous a déjà appris à respecter en quelques jours. Vous fermez les yeux, les sons de la forêt vous envahissent et vous accompagnent jusque dans vos songes ! Les rêves en forêt sont toujours forts, colorés, et je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y quand même quelque chose de magique dans tout ça…

Si vous avez un intérêt quelconque pour la nature et la vie animale, c’est l’opportunité de l’expérimenter de la manière la plus pure. Ce n’est pas réservé qu’aux intrépides, loin de là. Sans même parler de l’aventure et du dépaysement total qu’elle peut représenter, c’est une expérience marquante qui fascine et qui transforme. Vos impressions ? :-)

Fabien
fabien@gayatrek.com

J’ai été biologiste dans différents laboratoires à Amsterdam et à New-York, puis directeur régional dans l’industrie pharmaceutique au Mexique et en Argentine. Je vis en Amérique latine depuis presque 10 ans et j’ai eu la chance de voyager dans toute la région. Avide de voyage, de rencontres et d’expériences « outdoor », j’ai décidé en 2014 de me dédier à 100% à mes deux passions : le trekking et la jungle.

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