En Colombie, les indiens vendent des déchets polluants pour redonner vie à leurs montagnes

A vendre : un pot incubateur de moustiques, une boîte en plastique d’une durée de vie de 1000 ans, des piles rouillées et polluantes, une vieille paire de chaussure crados, autant de kilos de déchets que vous le souhaitez et bien plus…

La Sierra Nevada Colombienne, formation montagneuse littorale la plus haute du monde

Elle compte, entre autres, deux pics montagneux de 5775m d’altitude. Ce territoire, berceau des indiens Tayrona, est sacré pour quatre peuples de la Sierra. En outre c’est une province qui abrite des ruines archéologiques comme la Ciudad Perdida qui a depuis quelques années attiré de nombreux touristes et de fait généré une grande quantité de déchets en plein cœur de la forêt qui recouvre ces montagnes.

Déchets polluants à vendre !

Cette vente originale de déchets est la stratégie de l’organisation Sierra Viva (= Montagne Vivante en français) pour sauver la Sierra Nevada sur la côte nord de la Colombie, un écosystème déclaré Réserve de la Biosphère para la UNESCO en 1979, sur laquelle s’est accumulé au fil des années des tonnes d’ordures qui menacent la biodiversité et qui contaminent les eaux.

Sierra Viva est une initiative des indiens Tayrona, d’une organisation représentant le peuple Arhuaco (une ethnie indigène de Colombie) et de l’organisation Horizontes que cherche à faire connaître la culture des minorités ethniques.

L’objectif de l’organisation est de rassembler 169 tonnes de déchets présent dans la région. Elle propose le financement de ce grand nettoyage en vendant ces déchets et détritus polluants sur sa page internet via un catalogue original et sarcastique. Les personnes qui souhaitent collaborer peuvent acheter symboliquement différents objets qui on été trouvés et photographiés. Une petite description ironique accompagne la photo pour mieux présenter son impact sur le milieu naturel dans lequel il a été trouvé et ainsi séduire ceux qui veulent en acheter au kilo. Plutôt créatif n’est-ce pas ?!

E-commerce écolo made in Colombie

Chaque kilo se vend approximativement 3300 pesos (1 euro). L’objectif est donc d’atteindre 169000 euros pour vendre le total de 169 tonnes de détritus.

Dans ce catalogue, il est possible de faire de bonnes affaires 😉  avec entre autres : le « Pot incubateur de moustique » pour « Passez d’inoubliables nuits à la bougie avec en bonus une possible maladie », il se vend autour de 75 euros. Ou encore la « Machette mortelle pour la faune sauvage » qui coûte 30 euros, « Idéale pour contrôler les bestioles nuisibles, depuis la perruche meurtrière au timide jaguar ».

Avec l’argent collecté lors de ces ventes symboliques, l’organisation finance le processus de récolte des déchets et de nettoyage de la zone. Les détritus recyclables sont exploités comme tel.

Selon les estimations, il y aurait plus de 3000 tonnes de résidus accumulés sur ce territoire.
« Nous voulons tous nous unir pour réussir à sortir tous les déchets accumulés depuis plus de 50 ans sur ce territoire qui est sacré pour nous », Saul Mindiola, un des responsables du projet Sierra Viva. « Ce n’est pas une mission facile, et nous avons besoin du soutien de tous ». L’équipe qui collecte les déchets est composée en grande partie de la communauté indigène et des habitants de la région. Le projet concerne plus de 2500 familles, soit plus de 12000 personnes.

Une belle initiative qui a su interpeller grâce à sa communication originale et provocante, un peu comme l’avait fait l’ONG allemande Robin Wood…